Le gisement paléontologique de Bellevue
Premières découvertes dans la Haute-Vallée de l'Aude
A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, un certain nombre d'érudits locaux découvre aussi des os de dinosaures dans la Haute-Vallée de l'Aude, sans toujours reconnaître la nature de leurs trouvailles. Ainsi en 1891, Isidore Gabelle, architecte à Couiza, inventorie dans sa riche collection d'histoire naturelle des « vertèbres de reptiles et plusieurs fragments d'os de grands mammifères sortis du terrain garumnien » (nom donné aux niveaux à dinosaures de la Haute-Vallée). A cette époque, à la fin du Mésozoïque (ère Secondaire), le plus gros mammifère ne dépassait pas la taille d'un blaireau. Autrement dit, ces ossements de très grande taille, qui ont malheureusement disparu aujourd'hui, appartenaient certainement à un dinosaure.
Paul Gervais (1816-1879)
Rendez-vous manqué
Les grands moments de Bellevue
Vers la construction du premier Musée des dinosaures
Le travail de préparation commence donc lentement dans des conditions assez difficiles alors que la première campagne de fouilles à Bellevue (une campagne subventionnée, entre autre, par le Conseil Général de l'Aude) ajoute chaque jour son lot de nouvelles découvertes. La création d'un musée à proximité du site devient la meilleure des solutions. Sous l'impulsion du maire d'Espéraza, le Général Michel Laffitte, et de l'association Dinosauria ce musée sera alors construit à 3 kilomètres de Bellevue, à Espéraza, et inauguré en 1992.
Petit retour dans le temps
De grands fleuves drainaient la plaine audoise et se jetaient dans la mer au niveau d'un important delta situé à l'emplacement de l'Ariège. La mer arrivait alors aux environs de Toulouse.
Le climat était tropical, de type mousson, avec une saison humide et une saison sèche. Toute cette région, de la Provence au Pays Basque espagnol, grouillait d'une vie intense.
Les plaines et les fleuves où vivaient cette faune abondante se sont fossilisés sous forme de roche, qui affleurent aujourd'hui dans la Haute-Vallée de l'Aude : les grés et les conglomérats (roches formées de sable et de graviers consolidés) correspondent à d'anciens lits de rivières ; les marnes rouges, qui donnent une couleur si particulière à la région, correspondent aux limons de la plaine alluviale ; et les calcaires, qui forment les plateaux de la Haute-Vallée, sont d'anciens lacs qui recouvrirent la région après la disparition des dinosaures.
Le cimetière des dinosaures
Les squelettes de dinosaures morts durant la saison sèche, au bord des fleuves, furent emportés par des crues pendant la mousson. Les ossements disloqués se déposèrent en aval, dans un méandre, contre un banc de sable en suspension dans ces eaux tumultueuses. Ces sables préservèrent les os de dinosaures de la destruction et permirent leur fossilisation.
Depuis quelques milliers d'années seulement, lle fleuve actuel, l'Aude, a creusé peu à peu sa vallée, entamant ainsi les couches géologiques anciennes qui contiennent les dinosaures. C'est grâce à cette longue histoire que l'on retrouve aujourd'hui des restes de dinosaures dans la Haute-Vallée de l'Aude.
Sur le site les ossements de dinosaures (titanosaures, ornithopodes) prédominent mais de nombreux restes de crocodiles, tortues et des dents de petits dinosaures carnivores sont régulièrement découverts. Plus rares, les ossements d'oiseaux, d'ankylosaures ou de grands théropodes ont également été extraits de Bellevue.
Les fouilles de Bellevue
Ces dernières années nous avons privilégié les activités de laboratoire afin de résorber l'immense quantité de coques de plâtre qui a envahi nos locaux !
Les campagnes de fouilles sont actuellement interrompues. Le Musée a choisi, pour quelques années seulement, de privilégier le travail de dégagement et de préparation des fossiles au laboratoire. Vous serez informés dès la reprise des travaux à Bellevue.
Comment participer au chantier de fouilles à Bellevue
Les équipes de fouilles sont choisies durant le mois de mai. Les places étant limitées à 10 personnes par semaine nous sommes obligés de refuser chaque année beaucoup de candidatures.
Pour les participants, seule l'adhésion à l'association Dinosauria est exigée (assurance) ; le logement et les repas sont à la charge du musée.
ATTENTION : La fouille paléontologique du gisement de Bellevue n'est pas une activité romantique ou les squelettes de dinosaures apparaîtraient sous de simples coups de pinceaux. Il s'agit d'une entreprise qui s'apparente plutôt à un travail de carrier, de tailleur de pierres, voire de bagnard les jours de fortes chaleurs ! Massettes (entre 1 et 1,5 kg) et burins sont les premiers outils utilisés sur ce chantier pour creuser la roche. Sur le gisement de Bellevue où celle-ci est particulièrement dure, le travail peut se révéler éprouvant mais il est parfois récompensé par l'apparition d'un fossile ou du moins d'une petite partie d'un fossile. Et lorsqu'il apparaît, il faut remplacer les massettes et burins par des outils de plus petites tailles, des pinceaux et de la colle pour dégager la surface de l'os jusqu'à ce que ses contours soient bien identifiés. Une tranchée est ensuite creusée tout autour du fossile qui se retrouve perché sur un monticule de roche. Il ne reste plus qu'à lui confectionner une coque de plâtre dans laquelle il restera enfermé jusqu'à son arrivée au laboratoire. Le fossile peut alors rejoindre le laboratoire sans risquer d'être endommagé. Dans le musée la Halle des dinosaures de l'Aude est largement consacrée aux fossiles de Bellevue.