Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Articles taggés ‘Lionel cavin’

Des idées préconçues se rencontrent dans le domaine de la paléontologie comme ailleurs. Parmi ces préjugés, l’un veut qu’au Mésozoïque les dinosaures étaient tellement gros que les mammifères, petits et discrets, ne pouvaient vivre que dans leur ombre. Un double démenti a été apporté il y a quelques années avec une découverte dans les sédiments du Crétacé inférieur du Liaoning, dans le nord-est de la Chine. On y a trouvé d’une part un tout petit dinosaure, Microraptor, dont la taille n’atteignait pas un mètre et d’autre part un assez gros mammifère, Repenomamus, qui lui dépassait à peine le mètre. Certes, cette inversion des tailles entre nains et géants ne concerne que quelques exceptions mais elle indique que quelquefois des dinosaures se tenaient dans l’ombre des mammifères (voire à l’intérieur des mammifères comme l’attestent des ossements de Psittacosaurus découverts dans l’estomac d’un Repenomamus.) Lire plus…

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Dans la déferlante d’ouvrages parus en 2009 pour célébrer le bicentenaire de Charles Darwin (1809-1882) et le cent-cinquantième anniversaire de la publication de L’Origine des espèces se niche une petite perle parue chez l’éditeur suisse Georg, Darwin et les fossiles : histoire d’une réconciliation, par le paléontologue helvète Lionel Cavin (par ailleurs pilier de ce dinoblog). Mûri durant de studieuses vacances à Bex, riante commune du canton de Vaud, cet ouvrage original, reposant sur une lecture quasi-exhaustive de l’œuvre du grand savant anglais, est né d’une contradiction du Grand Charles. En 1837, Darwin écrivait que la découverte de mammifères fossiles en Amérique du Sud était «l’un des deux faits à l’origine de toutes mes vues » sur l’évolution des espèces (le premier de ces deux faits étant l’observation de la faune des Galapagos). Or, dans L’Origine des espèces, en 1859, il reconnaît que les fossiles sont le talon d’Achille de sa théorie, «l’objection la plus sérieuse qu’on puisse lui opposer ». Lire plus…

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Dans un post récent du DinOblog intitulé « Guerre des os à la Plata », Eric Buffetaut nous relate une histoire de rivalité acharnée entre deux paléontologues argentins de la fin du 19ème siècle, Francisco Pascasio Moreno et Florentino Ameghino, lors de leur exploration des richesses paléontologiques du pays. Parmi celles-ci, il y a notamment un oiseau géant, Phorusrhacos, dont le premier fragment découvert, une mandibule, a été attribué par Ameghino à un mammifère édenté. Ameghino était un paléontologue pressé et ses préconceptions, semble-t-il, le guidaient un peu trop souvent dans son travail. A ce travers s’en ajoutait un autre, encore répandu chez certains collègues, qui se compare aux forces fondamentales régissant la nature. Il consiste à considérer l’importance d’une découverte paléontologique comme étant inversement proportionnelle au carré de la distance phylogénétique qui sépare ladite découverte de l’espèce humaine. Ainsi, selon cette sorte de loi, une force agit sur l’idée qu’on se fait d’un fossile – une mandibule par exemple – et attire l’identification vers le pôle humain, un mammifère plutôt qu’un oiseau dans le cas de l’identification de Phorusrhacos par Ameghino. Cette force s’accroit fortement lorsqu’on manipule des fossiles de primates, et de véritables trous noirs se forment lorsque l’origine de l’homme est abordée (on en aurait observé dans certains instituts traitant de paléontologie humaine). Voici un exemple des conséquences de cette force décrit récemment dans la revue Neotropical Ichthyology par Sergio Bogan et ses collaborateurs. Lire plus…

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Un « Alien » dans le Var

C’est l’histoire d’un caillou oublié dans les collections du musée de Toulon et du Var. Il y a quelques années, Stephen Giner, conservateur dudit musée, observe la présence de dents à la surface d’un bloc découvert il y a quelques temps dans des roches du Crétacé inférieur qui affleurent près du Siou Blanc, au nord du Beausset dans l’arrière-pays de Toulon. Stephen montre alors le spécimen à Eric Buffetaut qui constate la présence d’un capuchon d’émail hyperminéralisé à l’apex des dents, un caractère qui trahit la nature ichthyenne de l’animal.

Le fossile avant sa préparation

Le spécimen est transféré alors au muséum de Genève qui accueille volontiers les poissons fossiles en quête d’identité. Mais à part ces quelques dents, d’ailleurs très jolies et fort grandes pour un poisson, pas grand-chose d’autre de l’animal n’est visible. On entreprend de dégager le reste du fossile à l’acide. Cette technique, régulièrement utilisée pour préparer des fossiles de vertébrés, consiste à plonger le spécimen dans un acide dilué, dont la nature dépend de la matrice, de façon à dissoudre la roche carbonatée sans attaquer le fossile qui est, lui, phosphaté et donc inattaquable (en principe du moins). C’est rapide à dire, mais c’est long à faire… Pierre-Alain Proz, collaborateur scientifique au département de géologie et paléontologie du muséum de Genève, entreprend l’opération. Le bloc est plongé pendant plusieurs heures dans un bain d’acide, puis il est rincé à l’eau pendant plusieurs heures, séché, les parties du fossile nouvellement dégagées sont consolidées, et l’opération recommence. Après quelques mois de ce traitement, la roche disparaît et le fossile apparaît, pour notre plus grand plaisir. Comme la taille initiale du bloc le laissait prévoir, un poisson entier n’est pas apparu miraculeusement. Mais un joli fragment de mâchoire, avec plein de dents partout, s’est dévoilé. Lire plus…

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Le talon d’Achille des dinosaures alpins

Les empreintes fossiles de pas de dinosaures, et de tétrapodes en général, ne sont pas particulièrement rares, mais certaines font parfois beaucoup parler d’elles. En Suisse, avant la découverte dans les années 1990 de très nombreuses empreintes dans le Jurassique supérieur du Jura (de nombreux sites sont également connus du côté français de la chaîne jurassienne), la localité la plus connue était située dans les montagnes valaisannes (le canton de la raclette, du fendant et du combat des reines pour parfaire le cliché). Lorsqu’il fut dit, après sa découverte en 1976, que ces empreintes avaient été laissées il y a 230 millions d’années par des dinosaures, la surprise fut grande ! Il fallait effectivement un effort d’imagination pour se représenter ces animaux déambulant sur une plage de sable en bordure d’une mer tropicale alors que leurs traces fossilisées sont maintenant perchées à 2400 mètres d’altitude. Les empreintes sont près de 8 fois plus anciennes que l’âge de la surrection alpine, ce qui n’étonne en rien un géologue mais peut surprendre le béotien ! Lire plus…

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