Dans un billet de septembre dernier ( ici), nous vous avions fait part d’une des découvertes de la mission paléontologique franco-sénégalaise qui avait permis de lever une zone d’ombre de l’histoire évolutive des siréniens (dont les lamantins et les dugongs sont les représentants actuels). Il est désormais temps de vous donner de nouveau quelques nouvelles de l’équipe PaleoSen.
Le Dinoblog
La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures
Catégorie : Mammifères fossiles
Fossiles vivants : des baleines franches pas franchement disparues … Et pas franchement franches !
Un éléphant ça trompe énormément, ou les limites de la paléoichnologie
Un bébé éléphant qui suit sa maman en la tenant par la queue avec sa petite trompe : trop mignon ! Si l’on en croit une équipe internationale de chercheurs cette scène n’est pas nouvelle, et cet émouvant spectacle durerait même depuis 7 millions d’années. Enfin, à quelques détails près : ce n’était pas un troupeau d’éléphants d’Afrique (Loxodonta africana), ni une horde de leurs cousins d’Asie (Elephas maximus), mais probablement d’aimables Stegotetrabelodon syrticus dont les empreintes de pas fossilisées ont été découvertes à Mleisa aux Emirats Arabes Unis. Lire plus…
Ce ningyo d’Ameghino
Dans un post récent du DinOblog intitulé « Guerre des os à la Plata », Eric Buffetaut nous relate une histoire de rivalité acharnée entre deux paléontologues argentins de la fin du 19ème siècle, Francisco Pascasio Moreno et Florentino Ameghino, lors de leur exploration des richesses paléontologiques du pays. Parmi celles-ci, il y a notamment un oiseau géant, Phorusrhacos, dont le premier fragment découvert, une mandibule, a été attribué par Ameghino à un mammifère édenté. Ameghino était un paléontologue pressé et ses préconceptions, semble-t-il, le guidaient un peu trop souvent dans son travail. A ce travers s’en ajoutait un autre, encore répandu chez certains collègues, qui se compare aux forces fondamentales régissant la nature. Il consiste à considérer l’importance d’une découverte paléontologique comme étant inversement proportionnelle au carré de la distance phylogénétique qui sépare ladite découverte de l’espèce humaine. Ainsi, selon cette sorte de loi, une force agit sur l’idée qu’on se fait d’un fossile – une mandibule par exemple – et attire l’identification vers le pôle humain, un mammifère plutôt qu’un oiseau dans le cas de l’identification de Phorusrhacos par Ameghino. Cette force s’accroit fortement lorsqu’on manipule des fossiles de primates, et de véritables trous noirs se forment lorsque l’origine de l’homme est abordée (on en aurait observé dans certains instituts traitant de paléontologie humaine). Voici un exemple des conséquences de cette force décrit récemment dans la revue Neotropical Ichthyology par Sergio Bogan et ses collaborateurs. Lire plus…
Des sirènes bien difficiles à suivre …
Pour certains, les siréniens (le groupe des lamantins et des dugongs) seraient à l’origine du mythe des sirènes. S’il apparaît bien peu crédible que ces « vaches de mer » soient parvenues à envoûter autre chose que des algues, leurs ancêtres auront au contraire fait tourner la tête de bien des paléontologues. Les siréniens appartiennent au clade des Paenongulés qui regroupe les éléphants, les damans, les lamantins et dugongs. Des études morphologiques ont depuis longtemps considéré les éléphants comme les plus proches parents actuels des siréniens. Pourtant, des analyses récentes de phylogénie moléculaire tendent à contredire cette hypothèse et prévoient une relation étroite entre les éléphants et les damans. Peu importe les relations de parenté au sein des Paenongulés, tout le monde s’accorde pour penser que l’origine des siréniens doit être africaine compte tenu du registre fossile des plus anciens damans et éléphants. La famille des Prorastomidae regroupe les siréniens les plus primitifs qui, contrairement aux formes actuelles, possédaient encore des pattes postérieures et étaient capables de se déplacer sur la terre ferme. Mais jusqu’à aujourd’hui, les deux seules espèces connues de Prorastomidae avaient été retrouvées bien loin du continent africain, en Jamaïque et Floride, dans des terrains de l’Eocène moyen à inférieur. Lire plus…