Dans la course à « j’en-ai-une-plus-grande-que-toi » (une plus grande taille corporelle, s’entend), on a vu dans la catégorie des dinosaures carnivores le T. rex se faire battre par le redoutable Spinosaurus : 13 mètres pour le premier contre 17 mètres pour second selon une estimation de 2005 basée sur un fragment de crâne en provenance du Maroc. L’histoire de Spinosaurus est bien plus ancienne puisque le genre a été décrit en 1912 par le paléontologue allemand Ernst Stromer sur du matériel en provenance du Crétacé d’Egypte. La vie de cet homme est une aventure romanesque pleine de drames et de passion, mais laissons ceci de côté pour nous intéresser à son dinosaure. Et l’histoire de ce dernier commence mal car le spécimen type (le spécimen étalon d’une espèce) de Spinosaurus aegyptiacus fut détruit en 1944 lors du bombardement du Musée d’histoire naturelle de Munich où il était conservé. Lorsqu’un holotype est perdu on peut définir un néotype, et c’est ce que vient de faire une équipe internationale dans un article publié dans Science Express.
Le Dinoblog
La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures
Catégorie : Afrique
Bousculade chez des dinosaures carnivores
Il y a quelques années trois des dinoblogueurs, accompagnés d’autres collègues, ont publié une liste mise à jour des vertébrés découverts dans des couches du Crétacé du sud est du Maroc, cette fameuse région qu’on appelle les Kem Kem (Cavin et al., 2010). Cette liste est assez longue… Les sédiments accumulés dans ce qui était alors des fleuves et des deltas ont fourni plus de 50 espèces de vertébrés continentaux (terrestres, aériens et d’eau douce), ce qui fait de cette faune une des plus diversifiées au monde pour l’étage que l’on nomme le Cénomanien (entre 100 et 94 millions d’années). Parmi les bestioles trouvées il y a des requins, des dipneustes, des cœlacanthes, des poissons à nageoires rayonnantes (ou actinoptérygiens, désolé le français ne possède pas de mot plus simple pour qualifier ce groupe), des amphibiens, des lézards, des serpents, des tortues, des crocodiles, des ptérosaures, des dinosaures et peut-être même un morceau d’oiseau. Il ne manque à ce carnaval des animaux que les mammifères pour avoir un bestiaire représentatif de cette période. Bon, c’est vrai, la majorité de ces organismes ne sont connus que par des petits morceaux et rares sont les squelettes découverts en connexion anatomique, c’est-à-dire avec tous leurs os préservés bien comme il faut et là où il faut. Mais depuis Cuvier et sa méthode de subordination des organes et corrélation des formes, tout paléontologue qui se respecte est capable de reconstituer un animal entier à partir d’un fragment de son squelette. Alors nous, les rogatons, ça nous suffit ! Lire plus…
Dans un billet de septembre dernier ( ici), nous vous avions fait part d’une des découvertes de la mission paléontologique franco-sénégalaise qui avait permis de lever une zone d’ombre de l’histoire évolutive des siréniens (dont les lamantins et les dugongs sont les représentants actuels). Il est désormais temps de vous donner de nouveau quelques nouvelles de l’équipe PaleoSen.
Des sirènes bien difficiles à suivre …
Pour certains, les siréniens (le groupe des lamantins et des dugongs) seraient à l’origine du mythe des sirènes. S’il apparaît bien peu crédible que ces « vaches de mer » soient parvenues à envoûter autre chose que des algues, leurs ancêtres auront au contraire fait tourner la tête de bien des paléontologues. Les siréniens appartiennent au clade des Paenongulés qui regroupe les éléphants, les damans, les lamantins et dugongs. Des études morphologiques ont depuis longtemps considéré les éléphants comme les plus proches parents actuels des siréniens. Pourtant, des analyses récentes de phylogénie moléculaire tendent à contredire cette hypothèse et prévoient une relation étroite entre les éléphants et les damans. Peu importe les relations de parenté au sein des Paenongulés, tout le monde s’accorde pour penser que l’origine des siréniens doit être africaine compte tenu du registre fossile des plus anciens damans et éléphants. La famille des Prorastomidae regroupe les siréniens les plus primitifs qui, contrairement aux formes actuelles, possédaient encore des pattes postérieures et étaient capables de se déplacer sur la terre ferme. Mais jusqu’à aujourd’hui, les deux seules espèces connues de Prorastomidae avaient été retrouvées bien loin du continent africain, en Jamaïque et Floride, dans des terrains de l’Eocène moyen à inférieur. Lire plus…