Ah la queue du titanosaure ! Fan de chichourle ! Voici un bien beau sujet que je regrette beaucoup d’avoir mis près de 70 billets à aborder ! Car la queue du titanosaure c’est un bien beau membre, enfin une masse fièrement érigée bien au-dessus du sol et dont on peut bien supposer qu’elle devait battre mollement de gauche à droite quand l’animal paissait. S’enroulait-elle autour de la queue de l’être aimé au moment de l’étreinte? Cela nous ne le savons point, mais rassurez-vous, les paléontologues enquêtent. Car nous avons le bonheur de connaître quelques queues bien conservées de ces grands herbivores dont les vertèbres caudales sont reconnaissables entre toutes par leur procoelie. Si vous préférez, les vertèbres de la queue d’un titanosaure sont concaves antérieurement et convexes postérieurement. C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Les titanosaures, faut-il le préciser, étaient donc des sauropodes, de gros dinosaures quadrupèdes munis d’un long cou balancé par une longue queue. En effet, si tu as un très long cou que tu tiens à l’horizontale et pas de queue, tu te casses la figure, c’est la faute à la gravité (il y a plein d’excellents blogs qui causent de la gravité sur le C@fé des sciences, ne m’en demandez pas plus). Donc qui dit long cou horizontal dit longue queue. Je précise horizontal car vous avez justement observé que la girafe en a une assez ridicule, de queue, mais un cou vertical. Enfin bon nos titanosaures, comme tous les bons sauropodes, avaient une longue queue faite d’au moins une cinquantaine de vertèbres caudales.
Et bien des savants brésiliens et argentins se sont mis à huit pour étudier deux vertèbres du milieu de la queue d’Uberabatitan, un grand titanosaure brésilien. Huit savants pour deux vertèbres, ne serait-ce pas un peu beaucoup ? Non ! Car plus on est de fous, plus on rit, c’est bien connu, et il faut aussi noter que ces deux vertèbres ne sont pas des vertèbres de base : elles ont la particularité d’être fusionnées par des excroissances osseuses qui les enveloppent partiellement. Il semble même, d’après le scanner effectué, que le disque intervertébral soit ossifié, de même que les tendons qui enserraient la queue à cet endroit, transformant cette partie de la queue en une sorte de masse osseuse informe. Alors que normalement ni les disques intervertébraux, ni les tendons ne sont ossifiés chez les titanosaures. Alors ? Et bien alors notre Uberabatitan souffrait d’une pathologie caudale et peut-être même, d’après nos auteurs, cette spondylarthrite ankylosante était-elle due à une infection. La morsure d’un prédateur (comme chez cet hadrosaure) ou celle d’un mari jaloux ? La conséquence de pratiques sexuelles un peu olé olé ? Un autotomie ratée ? Allez savoir… Comme le font très sérieusement remarquer les auteurs, la queue est peut-être la partie du corps la plus exposée à une blessure au cours de la vie d’un animal…
C’est le charme des maladies osseuses de laisser des traces qui ravissent les paléontologues, lesquels se fichent généralement comme d’une guigne des causes du trépas de leurs patients. Dans le cas qui nous intéresse ici cependant on voit qu’une fois le diagnostic établi les causes précises du mal demeurent mystérieuses.
L’autre intérêt de cette curieuse formation osseuse, c’est qu’elle livre des informations sur ces fichues « parties molles » qui échappent si souvent aux paléontologues. Ainsi quelques uns des tendons recouvrant la vertèbre sont-ils ossifiés et ont donc été préservés de la destruction pour notre plus grand plaisir. Le développement de la maladie a ainsi permis une sorte d’impression en trois dimensions de ces tendons.
Référence :
Martinelli, A.G., Teixeira, V.P.A., Marinho, T.S., Fonseca, P.H.M., Cavellani, C.L., Araujo, A.J.G., Ribeiro, L.C.B. & Ferraz, M.L.F. 2014: Fused mid-caudal vertebrae in the titanosaur Uberabatitan ribeiroi from the Late Cretaceous of Brazil and other bone lesions. Lethaia, DOI: 10.1111/let.12117.
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Comme le disait feu mon oncle (à propos de tout autre chose) : «Il vaut mieux l’avoir blanche, et de biais, que black, et d’équerre.» Ce qui pose la question de la couleur de la peau d’Uberabatitan…
Pour une fois, un sujet traité avec gravité.
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