Le Dinoblog

Le film Jurassic Park 4 sera bientôt à l’affiche et avec lui son lot de questions sur la possibilité de retrouver de l’ADN dans de l’ambre. De l’ADN, ça m’étonnerait mais des poils c’est déjà fait ! Voici une belle occasion pour moi de revenir sur une découverte poiléontologique majeure qui vous permettra également de briller en société dans les prochains mois.

Cette découverte a été faite dans des morceaux d’ambre récoltés dans la carrière de Font-de-Benon en Charente-Maritime par une équipe de paléontologues de l’Université de Rennes. Cet ambre ne date pas du Jurassique comme évoqué dans le titre de ce billet mais de la fin du Crétacé inférieur (vers 100 millions d’années) car, après tout, il n’y a pas que les scénaristes de films qui peuvent se permettre des approximations grossières. Comment trouver un poil dans de la résine fossile ? Chercher un poil dans un bloc d’ambre, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin ; évidemment il faut tomber pile-poil dessus et pouvoir le reconnaître. En fait, l’ambre charentais ne contenant que très peu de macrorestes (des insectes par exemple), les chercheurs se sont intéressés aux organismes plus petits et c’est alors qu’ils ont pu faire cette découverte au poil !

A qui pouvait appartenir ce poil ? Un dinosaure hirsute peut-être ? Cette fois-ci, les artistes ne pourront pas se déchaîner car les experts sont formels : ce poil appartenait à un mammifère, de ceux qui vivaient dans l’ombre des dinosaures … Comment peut-on le savoir ? Tout simplement parce qu’il présente une structure en tous points similaires à celle des poils du caniche de votre grand-mère, le côté bouclé en moins. C’est d’ailleurs ce qui est frappant. Il semble en effet que la structure actuelle des poils, notamment les écailles qui les recouvrent, ait été sélectionnée très tôt au cours de l’histoire des mammifères. Impossible de dire en revanche à quelle espèce il pouvait appartenir puisque tous les mammifères, marsupiaux comme placentaires, possèdent des poils de structure identique. Notons toutefois que des dents appartenant à des mammifères marsupiaux avaient été retrouvées dans la même carrière. On remarquera surtout sur la photo que ce poil est lisse et c’est un signe de bonne santé mais je ne suis pas spécialiste.

Alors, pourra-t-on retrouver de l’ADN dans ce poil ? Au risque de vous mettre de mauvais poil, je crains fort qu’il faille se faire une raison … Nous n’irons jamais visiter un parc rempli de boules de poils disparues. Mais vous pouvez toujours vous consoler en vous rendant dans un zoo, vous y croiserez la route de nombreuses espèces de mammifères qui, à force de les enfermer dans des cages, finiront bien par disparaître. Sans vouloir caresser tous les dinofans dans le sens du poil, j’espère que cette histoire ne vous empêchera pas de rêver, car c’est bien le principoil !

Pour tous ceux qui souhaiteraient discuter de cette histoire avec un des auteurs de l’étude en question, rendez-vous aux rencontres du Dinoblog !

Références :

- Vullo R, Gheerbrant E, de Muizon C, Néraudeau D, 2009. The oldestmodern therian mammal from Europe and its bearing on stemmarsupial paleobiogeography. Proc Natl Acad Sci USA106:19910–19915.

- Vullo R, Girard V, Azar D, Néraudeau D. 2010. Mammalian hairs in Early Cretaceous amber. Naturwissenchaten 97: 683-687.

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