Des paléontologues canadiens viennent de décrire un nouveau petit dinosaure ornithopode du Campanien de l’Alberta (vers 80-75 Ma). Albertadromeus syntarsus, c’est son nom, mesurait environ un mètre soixante de long pour un poids estimé à 13 kilos, celui d’une dinde « sympathique mais pas exceptionnelle » selon un expert. Albertadromeus, connu par quelques fragments de squelette, fait partie de la famille des Thescelosauridae qui regroupe une poignée de petits dinosaures nord-américains et asiatiques de la fin du Crétacé comme Orodromeus, Thescelosaurus, ou encore Parksosaurus.
Les formations géologiques crétacées de l’Alberta sont parmi les mieux connues au monde pour leurs assemblages dinosauriens : vingt-cinq espèces de dinosaures ornithischiens ont déjà été identifiées dans la seule formation Dinosaur Park dont sept cératopsiens, huit hadrosaures, trois pachycéphalosaures pour… un seul thescelosauridé. Caleb Brown et ses collègues soulignent que cette rareté est suspecte. On connaît ainsi beaucoup plus de matériel post-crânien de thescelosauridés que de pachycéphalosauridés dans le Crétacé supérieur nord-américain, mais chez ces derniers le crâne très épais se conserve très bien, et les paléontologues ont pu décrire de nombreuses espèces à partir des dômes osseux. En revanche la rareté des crânes de petits ornithopodes a conduit à une certaine pénurie taxonomique, car distinguer des différences sur le squelette post-crânien de ces petites bêtes n’est pas chose aisée.
Les chercheurs canadiens soupçonnent que la biodiversité des petits ornithopodes est donc fortement sous-estimée, une partie importante de la faune (les petits animaux) étant soit rarement fossilisée, soit rarement collectée (à l’exception des pachycéphalosaures pour les raisons évoquées ci-dessus). Ceci conduit à une surreprésentation des gros animaux (en l’occurrence les hadrosaures et les cératopsiens) dans l’enregistrement fossile. Il est donc très probable que plusieurs espèces encore non nommées de thescelosauridés coexistaient dans le Crétacé supérieur américain comme le suggèrent les auteurs de l’article. Malgré plus d’un siècle de recherches intensives, on ne connaît donc encore que partiellement la biodiversité dinosaurienne du sud du Canada, ce qui devrait rassurer les futurs paléontologues : y’a encore du boulot, même dans les zones les mieux étudiées de la planète !
Référence :
Caleb Marshall Brown , David C. Evans , Michael J. Ryan & Anthony P. Russell (2013) New data on the diversity and abundance of small-bodied ornithopods (Dinosauria, Ornithischia) from the Belly River Group (Campanian) of Alberta. Journal of Vertebrate Paleontology, 33, 495-520
Publié dans : Amérique du Nord,Ornithopode
Les commentaires et les pings ne sont pas autorisés.
Peut-être que comme nos dindes actuelles, ils se faiisaient bouffer avant de devenir de jolis fossiles!
[...] Des paléontologues canadiens viennent de décrire un nouveau petit dinosaure ornithopode du Campanien de l’Alberta (vers 80-75 Ma). [...]
De manière générale peut-on nommer une nouvelle espèce comme c’est le cas ici, avec pour tout os connu quelques vertèbres, et un morceau de patte ?
Si les éléments en question sont suffisamment diagnostiques, la réponse est oui…