Gerard Gierliński , que je remercie, vient de me faire parvenir quelques photographies de ce magnifique Protoceratops évoqué dans le billet précédent. Et oui, le DinOblog est déjà lu en Pologne et même au-delà ! Et puis en relisant le livre Hunting for Dinosaurs de la paléontologue Zofia Kielan-Jaworowska, récit des expéditions polonaises dans le désert de Gobi, j’ai aussi retrouvé quelques images dignes d’intérêt, d’où ce post-scriptum richement illustré.
Ces expéditions polonaises en Mongolie, qui se déroulèrent de 1963 à 1965, ont beaucoup moins de notoriété aujourd’hui que les fameuses missions de l’American Museum of Natural History de New York quarante ans plus tôt. Elles furent pourtant bien plus fructueuses, et surtout la quasi-totalité des découvertes furent patiemment préparées, étudiées, et publiées dans une longue série de mémoires qui demeurent des documents incontournables sur les vertébrés du Crétacé supérieur.
On apprend en lisant Hunting for Dinosaurs que ce squelette fut découvert en juin 1965 à Bayn Dzak, au pied des « falaises flamboyantes » (flaming cliffs), un gisement découvert par les expéditions américaines des années vingt et surtout fameux pour ses crânes de petits mammifères, ses œufs de dinosaures et ses Protoceratops. C’est d’ailleurs à cause de cette proximité que ces œufs furent longtemps considérés comme ayant été pondus par des Protoceratops, alors que ce sont des œufs du mal-nommé Oviraptor. L’une des priorités des chercheurs polonais était de confirmer l’âge crétacé des mammifères, qui avait été contesté par des géologues soviétiques (toujours prêts à allumer les Américains, ceux-ci pensaient qu’ils pouvaient provenir de couches tertiaires érodées) : en découvrant pour la première fois des crânes in situ, avec des œufs de dinosaures et des dents de Protoceratops, ils établirent définitivement leur ancienneté.
Vous pouvez aussi découvrir la technique utilisée par l’expédition polonaise de 1965 pour emballer les squelettes en connexion : on creuse autour du squelette, on protège les os avec du polystyrène et un film plastique, puis on construit une caisse en bois autour et on remplit de plâtre. Il ne reste plus qu’à découper le monolithe par en-dessous, le retourner, remplir les trous de plâtre, et enfin clouer un couvercle après l’avoir remis à l’endroit. C’est lourd, mais idéal pour convoyer le dinosaure à travers le désert de Gobi jusqu’à Oulan Bator à bord d’un camion polonais Star 66 à six roues motrices, puis le ramener en bon état jusqu’à Varsovie.
Référence :Zofia Kielan-Jaworowska, Hunting for dinosaurs, 1969, The MIT Press, Cambridge, 178 p.
Publié dans : Histoire de la paléontologie,Paléoichnologie
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